mercredi 5 décembre 2007

samedi 19 mai 2007

Amelia - d’Edouard Lock

Nous voilà embarqué dans une tourmente perpétuelle de corps virtuoses qui tournoient vers l’infini.

Edouard Lock sculpte l’espace avec du temps qui passe.

Les vibrations du violoncelle, les cliquetis du piano ou cette voix sublime nous engourdissent les sens, les danseurs pointent, tournent, virevoltent comme un mouvement perpétuel.

Nous voilà submergé d’une création infinie.

Et puis les danseurs cherchent en permanence le cercle lumineux qui va les porter vers nous.

Un rideau comme une craquelure nous maintient dans ce monde imaginaire d’une vie trop courte. Et le violoncelle reprend encore plus fort et l’on se sent à l’intérieur de soi-même avec tous nos tourments, nos doutes, nos désirs de plénitude. Alors descend du ciel un écran et une image de synthèse nous interroge sur notre réalité mais dans quel monde sommes-nous ?

Les cercles de lumières se succèdent s’agrandissent se superposent se juxtaposent. Et chaque fois la vie tourne à toute allure sans fin. Notre terre est trop petite, mais chacun a la sienne chacun partage la sienne avec celle de l’autre, chacun est l’autre et tout est osmose.

L’homme se bat la femme devient homme l’homme embrasse l’homme la confusion s’installe, et le temps n’existe plus. Il est devenu infini.

Christophe Naux - 19/12/02

Au Théâtre de la ville - Paris

Merce Cunningham - Interscape

Et si nous étions dans notre tête avec des impulsions électriques et des idées qui s’entrechoquent. Et puis comme une envie de créer et une impossibilité de crier car que crier ?

Désarticulation, inachevé, état inconscient, instant d’incertitude où simplement peur d’une vie qui va vers la mort.

Les danseurs en perpétuel déséquilibre sont en quête d’une forme inachevée. Parfois ils se figent et créent une forme qui semble spontanée. Ils créent un espace sans humour ni amour mais un espace en construction impossible.

Parfois anecdotique le mouvement ne semble qu’intuitif d’abord dissonant comme la musique, il paraît se structurer un instant puis plus rien et une nouvelle idée surgit et confusion visuelle des danseurs partout dans tous les sens mais pas complètement ; le désordre s’ordonne fugacement alors ça se fige encore par endroits et le cerveau s’endort la mort arrive. Et nous on ne sait que suivre la vie la révolte d’un temps incertain ou bailler pour fuir la peur de ne rien suivre.

Le fond de scène (Rauschenberg) évoquent peut-être cette confusion d’un passé regretté ou d’un futur trop flou, alors surgit sur scène l’auteur et l’émotion de voir ce pantin désarticulé adulé.

Esquisse d’une création bien déroutante et semble-t-il bien pessimiste d’un rêve de ce qu’est la vie.Taille de police

Un espace philosophique la danse d’un corps ou l’esquisse d’un processus de création que doit-on imaginer dans un spectacle si déroutant si insupportable. Espace, temps, impossible infini peut-être, oubien pur hallucination d’un instant.

La danse cet art de l’espace, du temps et aussi de l’esprit est-il arrivé ici comme une apothéose oubien serais-ce un simple hasard ordonné qui suggère cette simple question : Qu’est-ce que la vie ?


Christophe Naux

08/11/2001 - Théâtre de la Ville